En novembre 2023, le fondateur du site de chat et de vidéo conférence en ligne Omegle a décidé de fermer son site, en raison de multiple pressions exercées par des gouvernements et des associations. En juin 2024, le site de chat en ligne sans inscription et gratuit Coco.gg a été fermé par l’état français. Selon Le Monde, ce site était « la plaque tournante de pratiques illégales », « qui regorge d’agresseurs en tout genre », selon France 3 c’était « un sulfureux site de rencontre » et quant au Parquet de Paris, « un facilitateur de commission de diverses infractions, notamment des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d’homicides ». En réalité, Coco était simplement un site de chat libre comme tant d’autres, similaire à n’importe quel serveur IRC, XMPP ou feu ICQ. Juste un endroit pour discuter en ligne, sans avoir besoin de donner ses données personnelles. Avec des gens sympas et des gens dangereux. Comme un café ou un bar, mais sur Internet.
Hier, l’informaticien créateur du système de chat chiffré Telegram, Pavel Dourov, a été interpellé à l’aéroport du Bourget dans le cadre d’un mandat de recherche et d’une enquête préliminaire. Pavel Dourov est accusé de complicité et de négligence concernant son service Telegram. Chez Léa, nous préférons Signal à Telegram et WhatsApp, car Signal met encore plus l’accent sur la vie privée et Telegram n’est que partiellement libre (les clients sont sous licence GPL v3 mais le code source côté serveur). Ceci dit, cela reste une attaque de plus contre les systèmes de chat soucieux de la liberté de leurs utilisateurs. Pavel Dourov n’est pas un criminel, c’est un informaticien et un chef d’entreprise, dont l’entreprise n’est pas basée en France. Rappelons que, comme Signal, Telegram est utilisé par des lanceurs d’alerte, des militants de la liberté d’expression, des journalistes, des citoyens de régime dictatoriaux pour contourner la censure.
Sous prétexte qu’une petite minorité a un mauvais comportement sur ces plateformes, l’état français veut supprimer l’ensemble de leurs services. Un peu comme si on fermait une rue car elle est mal fréquentée, ou qu’on obligeait tout le monde à présenter sa carte d’identité à chaque coin de rue. Les états ont tendance à préférer les services gérés par les GAFAM où une censure arbitraire règne (et encore, Twitter qui est réticent à censurer est vivement critiqué), où la vie privée n’existe pas et où les utilisateurs sont captifs des multinationales. Il serait plus sain que les services de communication libre puisse opérer librement dans les démocraties, avec une police surveillant et arrêtant les auteurs d’infraction, en laissant les autres utilisateurs tranquilles. Le logiciel libre sera t-il un jour dans son ensemble menacé par les états car pas assez fermé? Le respect de la vie privée n’est pas un crime.